2019-2020 un changement de cap.


Pour tous ceux qui suivent ce blog depuis sa mise en place, vous avez constaté que je suis un adepte de la fertilisation liquide, car pour moi c’est la seule manière de contrôler avec exactitude tous les paramètres de pousse du gazon.
Cependant, en fin d’année 2019, j’ai mis en place un test basé sur les thés bactériens qui vont en 2020 changer radicalement mon approche technique de la gestion des pelouses sportives.

Pourquoi vouloir changer une méthode de travail qui fait ses preuves?
Dans une vie professionnelle, rien n’est gravé dans le marbre, il est important de se poser la bonne question :
« Les objectifs visés sont-ils atteints ? »
Sur le plan sportif, oui, nous avons réussi à obtenir une homogénéité des greens en saison.
Sur le plan technique, non, malgré une réelle réussite sur l’inversion de flore, nous sommes arrivés à un plafond sur le contrôle des maladies. Aujourd’hui, je n’arrive pas à descendre sous la barre des cinq traitements annuels sur green.
En prospectant sur ce qui existe aujourd’hui comme méthode d’entretien, je me suis particulièrement intéressé aux thés bactériens, qui semblent, selon les écrits, apporter une très bonne réponse aux problèmes phytopharmaceutiques.

Un thé bactérien, c’est quoi ? 
Pour faire simple, un thé bactérien est une prolifération rapide de différents champignons, bactéries, et micro-organismes.
Nous mettons en culture, dans un bac, un substrat de base avec un peu de mélasse auquel nous pouvons ajouter différents éléments naturels. Tous les ajouts d'éléments ont un but bien précis, car nous pouvons créer :
  • Des thés bactériens à dominance fongique
  • Des thés bactériens à dominance bactérienne
  • Des thés bactériens fongiques et bactériens

La prolifération est rapide, 24 heures, à condition de faire chauffer l’eau à température constante entre 19 et 23°. Il est également important de garder le niveau d'oxygène dans l’eau pour ne pas créer des bactéries anaérobiques, néfastes pour le sol et la plante.

Matériel pour thé bactérien
Préparation du mélange

Oxygénation de l'eau

La chaussette est prête 


Contrôle de la température

La mousse preuve de la réactivité.
Comment ça fonctionne ?
Une fois les bactéries développées dans notre incubateur, il ne nous reste plus qu’à épandre la bouillie sans rien ajouter (ni eau, ni mélasse, ni engrais …) sur les surfaces souhaitées.
Le mélange étant vivant, il est important de prendre toutes précautions pour conserver, préserver et épandre nos futurs alliés. Nous ne devons, sous aucun prétexte, épandre à plus d’un bar de pression pour ne pas détruire les bactéries et champignons présents dans la bouillie. Il est également préférable de ne pas épandre en plein soleil sous peine de voir la majorité du thé bactérien détruit par les ultraviolets (UV). Dernier point et certainement le plus compliqué à gérer, les bactéries  sont  très peu mobiles et auront beaucoup de mal à descendre seules au niveau du sol, ce qui peut être problématique, car le mélange est destiné en grande partie pour le substrat et non pour la feuille. Nous pourrions arroser grâce à nos systèmes d’arrosage positionnés sur l’ensemble de nos greens, cependant il ne faut pas oublier que ce thé n’aime pas être mélangé avec des apports d’eau qui ne seraient pas naturels ou complètement sains.
Pour remédier aux deux dernières problématiques (UV et positionnement), nous allons positionner ces bactéries la nuit. Ainsi, nous supprimons complètement le risque UV et nous apportons l’eau nécessaire pour faire positionner les bactéries au sol de manière 100% naturelle grâce à la rosée journalière que nous faisons tomber tous les matins à l’aide de grandes brosses.

Pourquoi vouloir changer une fertilisation liquide pour une fertilisation organique ?
L’installation de ces bactéries va demander une grande modularité des horaires de travail de certains de nos collègues. Il serait dommage de ne pas mettre toutes les chances de notre côté pour augmenter au maximum le bon développement de ces alliés.
Les engrais organiques, de bonnes qualités, vont apporter la matière organique nécessaire au bon développement futur de nos cultures bactériennes qui, au fil du temps, devraient rééquilibrer le sol entre les bactéries et mycorhizes souhaitables par rapport aux pathogènes.
Les bactéries et champignons se serviront en outre de ces apports pour croître dans les sols, contrairement à une fertilisation inorganique qui n’apportera rien au bon développement de nos bactéries.
Pour ma part, nous allons commencer par un soutien alimentaire 100% organique, mais en cas de problème majeur en juillet et août (les périodes les moins favorables aux bactéries du sol) je repasserai temporairement à une fertilisation liquide légère et contrôlée.
Cependant, je pars sereinement sur ce changement radical de cap, car je ne suis pas le seul golf à avoir fait ce choix technique qui semble bien fonctionner chez mes confrères. De plus les premiers essais en 2019, ont été très encourageants avec :
  • Une augmentation de la pousse malgré un arrêt d’apports minéraux sous forme liquide
  • Un arrêt des attaques cryptogamiques sur les zones testées
  • Les ronds de sorcières moins problématiques que durant la saison.
Dollar spot sur tour de green

Début de dollar spot

Rond de sorcière sur green

Deuxième passe de thé bactérien la réaction est visible

Limite des zones enrichie en bactérie

Il ne faut pas oublier qu’une plante saine passe par un sol sain et aéré.

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