La pratique du golf et les périodes de gel

 Un sujet maintes fois évoqué par de nombreux confrères, mais qui reste encore un sujet tendu entre les gestionnaires de terrain de sport et certains utilisateurs.

J'étais parti en première intention sur l'écriture d'une fermeture stricte des greens en période de dégel des sols, mais après discussion avec mon comité, je me suis mis à la recherche de solutions pour ouvrir le parcours. 

Il y a trois grandes questions à se poser :

  1. Pourquoi ouvrir dans ces conditions
  2. Les conséquences à jouer sur un green gelé ou en dégel.
  3. Comment limiter la durée du gel 
  4. Combien va coûter l'ouverture au jeu à tout prix (remise en état et préparation)

 Pourquoi ouvrir dans ces conditions

  • la première réponse est simple, faire plaisir aux joueurs à un moment T
  • la deuxième réponse est que la perte d'argent est trop importante en cas de fermeture au jeu.

Pour la première réponse, je suis clairement contre, faire plaisir oui, cependant pas au détriment d'un travail qui a pris des années à être mis en place. Pour la deuxième réponse, je dirais oui, nous sommes des entreprises et si la perte d'argent est plus importante que le coût de préparation et de remise en état, il n'y a aucun intérêt à fermer.

Je suis tombé sur un écrit de club japonais qui ne ferme pas leurs greens l'hiver, quelques soient les conditions. J'ai trouvé dans un premier temps cela étonnant, j'ai relu l'écrit et compris très rapidement le pourquoi : il perdait en cas de fermeture plus de neuf cent mille euros.

Les conséquences à jouer sur un green gelé ou en dégel

La majorité des golfeurs comprennent bien pourquoi nous fermons le parcours lorsqu'il y a la présence de givre sur la feuille.

Les graminées étant constituées en grande partie d'eau, le gel pénètre dans l'intégralité de la feuille, rendant toutes les cellules cassantes comme le verre. Une fois le gazon écrasé et les cellules brisées les gazons en place meurent dans les jours, voire les semaines qui suivent. Le givre matinal peut apparaitre à des températures négatives, mais également à des températures de l'air aux alentours de 3°. Si le givre est léger et qu'il n'a pas atteint le sol, généralement les premières heures de soleil suffisent à faire fondre la glace.


Le vrai problème de la fermeture des greens du parcours est le moment où la température de la nuit est si froide que les sols sont gelés sur plusieurs centimètres. Les feuilles des graminées ne sont pas forcément recouvertes de gel, alors pourquoi fermer les greens ?

Dans ces conditions il y a un deuxième phénomène qui se produit, le dégel des sols qui commence de la surface jusqu'aux profondeurs. Souvent les 2-3 premiers centimètres dégèlent assez rapidement sous l'effet du rayonnement solaire, mais la couche inférieure reste parfaitement figée et étanche. Cela se traduit par une première couche molle au toucher et plutôt humide (les eaux dégelées ne peuvent pas descendre en profondeur). Cet état ne permet pas l'ouverture d'un green, car sous l'effet des pas de joueurs le sol va bouger en surface tandis que la partie inférieure du sol restera sur place. Ce phénomène va engendrer le cisaillement des racines et l'arrachement des graminées en place. Il ne faut pas oublier qu'une partie de quatre joueurs va faire en moyenne 300 pas sur le green et autant de dégâts.  

partie de quatre joueurs

Dans ces conditions, l'effet à court et moyen terme est la dégradation de la surface de jeu par l'invasion, sur la zone de putt, d'algues, mousse et de pâturin annuel (graminée qui fleurit dans ma région de mars à fin avril). Ces dégâts rallongeront le temps de remise en état de jeu optimal en début de saison, sans compter que l'arrachement des graminées dites nobles (les agrostides), vont entrainer une augmentation de la sensibilité aux maladies et donc une augmentation de l'utilisation de produits phytosanitaires et de fertilisants en saison pour maintenir les surfaces en état. Au-delà d'un surcoût pour la structure, nous nous écartons de l'objectif de réduction de produits phytosanitaires engagé par toutes les structures françaises. Un dernier point important à comprendre est que le nombre de familles de molécules autorisées se réduit de jour en jour, rendant le travail de contrôle de plus en plus compliqué. 

Comment limiter la durée du gel

Premier point, le gel c’est de l’eau bloquée ou présente dans les premiers centimètres du sol. Si nous voulons limiter la durée du gel nous devons impérativement accélérer la descente des eaux dans les parties profondes. Pour cela il existe différentes machines permettant de créer des couloirs drainants jusqu'aux drains, de décompacter fortement les sol.

Deuxième point, le réchauffement de surface. Pour cela il faut que la lumière du soleil touche le plus tôt possible la surface des greens. Cela passe par l’abattage des arbres proches des greens. Il existe aussi du charbon qui a la capacité à réchauffer la surface et qui absorbe une partie de l’humidité de surface. Il faut une dose suffisante sur la période de grand froid. Nous pouvons, également, utiliser des zéolites, céramiques en hiver pour absorber plus efficacement l’humidité de surface, mais qui n’auront pas l’effet réchauffement.

effet de l'hombre des arbres à 11:00

Il y a d’autres solutions qui ont un coût économique encore plus important, comme le bâchage des greens le soir, la mise en place de chauffage de sol ou la mise en place de souffleries à proximité des greens.

Combien va coûter l'ouverture au jeu à tout prix.

En premier lieu, il y aura une perte financière à certains moments durant la belle saison, pour préparer le terrain à la pratique du golf sur sol gelé. Nous allons devoir :

  • Limiter fortement la présence de matière organique en surface par des actions mécaniques. 
  • Regarnir les surfaces avec une gestion moins sportive, pour garantir la meilleur reprise possible
  • Augmenter la percolation des sols par différentes solutions mécaniques
Il faudrait remettre l'entretien estival en priorité sur les compétitions du weekend et bien entendu aussi en semaine.

Il y aura également des investissements importants à réaliser comme par exemple :

  • Une regarnisseuse à green, pour assurer la bonne germination des agrostides en début de saison et ainsi limiter l'invasion du pâturin annuel.
  • Des décompacteurs de sol et défeutreurs efficaces pour faciliter la descente des eaux
  • Des travaux de drainage, d'abattage (pour la ventilation et la mise au soleil le plus longtemps possible)
Dernier point qui devrait voir le budget s'envoler sont les consommables.
  • Semences obligatoirement enrobées pour garantir un meilleur taux germination
  • Plus de matériaux drainants 
  • Plus de produits phytosanitaires
Tous ces ajouts permettront certainement une amélioration en profondeur en saison, mais qui sera malgré tout remise à mal chaque année.

Conclusion

Même avec les meilleurs moyens du monde, les greens ouverts aux jeux en période de gel seront plus fortement dégradés qu'un green fermé, même si l'aspect esthétique en pleine saison semble être le même que les greens protégés. Mais attention au coût de remise en état qui ne sera pas neutre en terme de moyen humain, matériel, consommable et écologique. 

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