Les mousses.



L’année 2018 réitère, en partie, mes précédents constats, « il a plu continuellement » comme l’on peut le voir sur ce tableau :

Mai / juin
Pluie en mm
Température moyenne
jours
2017
2018
2017
2018
18
12.6
0.2
12.04
14.28
19
0.2
0.4
9.67
14.57
20
0
3.4
11.25
14.1
21
0.2
0
17.51
15.23
22
6.6
0.8
13.16
14.79
23
0.4
2.6
18.31
16.52
24
0.2
0
22
16.65
25
0
0.8
20.57
16.85
26
0.2
0
20.04
18.4
27
0
12.4
20.31
15.99
28
0
4.4
18.45
13.63
29
0.2
1.2
16.01
15.31
30
22
8.2
16.23
14.20
31
8.2
4.6
19.16
14.79
1
0
0.2
19.6
16.7
2
1.2
0
19.37
17.77
3
17.6
19.2
15.62
16.19
4
5.8
31.2
12.39
15.74
5
2
11.8
13.68
14.4
6
1.4
3.6
13.1
12.32
7
0
0.4
14.56
15.22
8
0
0
19.07
17.98
9
4
0
17.68
18.99
10
0
20.6
22.19
16.65
11
0
9.8
14.11
14.23
12
0
6.2
20.20
13.73
13
0
10.6
24.33
14.36
14
0
10
24.97
15.22
Total / moyenne
82.8
162.6
17.55
15.53
En rouge : les pluies supérieures à 3 mm (3 litres d’eau par m²)
 En bleu : les températures inférieures à 16°
Cette météorologie compliquée (froide et humide) a participé à un développement rapide d'algue et de mousse.
Heureusement, la fin du mois a été plus sèche et chaude.

Pourquoi cette implantation d’algue et de mousse ?
Nous avons travaillé ces dernières années dans le but de favoriser les agrostides par rapport aux pâturins annuels. Ceci, également, dans le but de limiter les attaques fongiques (type fusariose nival), ce qui a été un réel succès cet hiver.
Ce plan de gestion a bien fonctionné, la majorité des greens sont aujourd’hui en grande partie recouverts d’agrostides capillaris. Cependant ce printemps catastrophique, sur le plan météorologique, n’a pas favorisé la reprise rapide de ces graminées et a laissé des interstices. Hors, la nature a horreur du vide.


Conditions favorables au développement d’algue et de mousse.
La première cause est l'humidité. Un sol gorgé d’eau a du mal à se réchauffer, les bactéries aérobies (qui ont besoin d’oxygène) ont un métabolisme ralenti, ce qui limite les apports naturels des nutriments indispensables au bon développement de la plante (les plantes veulent se développer, mais le sol ne parvient pas à fournir les éléments indispensables).
Le deuxième effet de l’eau en excès est le manque d’oxygène. L’eau dans le sol chasse l’oxygène indispensable aux bactéries aérobies qui présentent, alors, des difficultés à se développer au profit des bactéries anaérobies (sans oxygène). Ce qui, au lieu de transformer la matière en nutriment assimilable par la plante, transforme les éléments en place en matière toxique pour la culture.

Avec oxygène

Sans oxygène
Ions Carbonate Co3
Oxyde de carbone Co2
C
Méthan CH4

Nitrate No3-
Acide nitrique No3H
N
Amoniac NH3
Ammoniaque NH4OH
Ammonium NH4+
Trioxyde de soufre So3
Ion Sulfate So4
S
Hydrosulfure de fer HSFe
Hydrogène sulfuré H2S

Une des causes suivantes est la compaction des sols qui limitent fortement l’infiltration des eaux. Celles-ci ont tendance à stagner, créant une humidité de surface excessive
La troisième cause est le manque de densité du tapis végétal qui laisse pénétrer la luminosité au niveau du sol. Les algues sont photosynthétiques.

Comment se développent ces pathogènes ?
Dans ces conditions favorables, l’algue apparait sur le sol, créant une surface étanche aux échanges gazeux. Le gazon  va avoir du mal à lutter contre. En effet cette algue va rendre les sous-sols  très pauvres en oxygène, ce qui peut entraîner des proliférations de bactéries anaérobiques qui vont transformer le substrat en zone inhospitalière (comme expliqué sur le tableau plus haut). Dans un second temps, la mousse va s’implanter sur cette algue et coloniser le milieu.

Comment lutter contre ces fléaux ?
Le but est de créer un milieu défavorable à l’algue et à la mousse. Pour cela nous devons jouer sur différents points.

.L’Assèchement
Quand je parle d’assèchement, cela ne signifie pas couper les vannes, mais revenir à un entretien hydrique maîtrisé. Cela est possible grâce :
·         au testeur d’humidité.
·         les opérations mécaniques.
·         le sablage.
En effet, le fait d’assécher complètement les mousses ne sert pas à grand-chose, elles sont capables de se réactiver, même après plusieurs semaines d’assèchement. Autant dire que les graminées seront mortes bien avant.

L’algue créant un milieu étanche aux échanges d’air entre le sol et l'atmosphère, il est impératif de percer le sol le plus régulièrement possible à l’aide des Spikes.
Afin d’améliorer le ressuyage rapide des sols et éviter les eaux stagnantes , nous aérons et décompactons les sols à l’aide d’aérateur à pointes, capable de percer les sols sur 20 à 25 cm de profondeur.
Cet automne nous reprendrons avec plus d’intensité que l’hiver dernier, les aérations à lames pour garder ouvert les sols de manière peu perceptible.

.Augmentation de la fertilisation
Nous avons légèrement augmenté les quantités d’azote apporté tous les quinze jours (3 unités de plus par mois).
Cet apport aide  les graminées à se densifier davantage sans créer un effet de pousse incontrôlée. De cette manière, les trous causés par les pitchs, ravageurs, maladies seront plus rapidement refermés, laissant ainsi peu de place à la prolifération de l’algue noire.

.Sablage
Comme expliquer dans l’article « sablage ou sablage ? », nous allons continuer à effectuer des top dressing sur les greens. Cependant, nous avons augmenté les quantités de sable apporté au sol à chaque passage. Le but affiché est clairement de limiter la photosynthèse de l’algue.
Également, vu que nous avons augmenté légèrement la fertilisation, nous nous devons de diluer d’avantage le feutre (amas de racines, stolons et feuilles en cours de décomposition)

.Acidification
Le type d’algue présent n’aime pas les milieux acides, c’est pour cela que nous utilisons des fertilisants acidificateurs. Encore une fois, nous essayons de rendre le milieu hostile pour la propagation de cet envahisseur.

Si les problèmes persistent ou s'aggravent, nous devrons certainement utiliser des méthodes de travail plus agressives comme :
.La lutte chimique
L’extraction de matière par une opération de défeutrage. Dans tous les cas, l’équipe de green keeping ne peut arriver seul à lutter contre les maladies, mousses et adventices. Il est impératif que tous les utilisateurs du terrain se responsabilisent pour atteindre les objectifs de qualité en adaptant quelques gestes simples :
Relever ses pitchs  (article « le respect »).
Remettre en place ses divots.
Ne pas jeter le mat sur le sol mais le poser doucement.
Ne pas frotter les pieds sur les graminées.
Ne pas sauter ni courir sur les greens.

Je tiens également à féliciter Sébastien qui travaille dans notre équipe et qui a été promu green keeper adjoint, après l’obtention de sa licence de green keeping .

 Je vous donne rendez-vous en septembre pour le prochain article.

Commentaires

  1. Merci François , je ne poserais plus mes pieds sur le terrain sans avoir un moment de respect ! pour le plaisir que nous avons de jouer sur un terrain toujours au mieux de sa forme , et aussi pour le respect du travail de tous les intervenants . Merci de nous instruire ...C'est tout un monde !

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