L’arrosage facile me direz-vous ! ! ! pas si sûr.
En effet, l’arrosage d’un parcours de golf fait partie
intégrale de la qualité sportive des gazons. Il faut absolument éviter le sur-arrosage qui créera plus de problèmes
que d’avantages (green mou et lent, marquage des tondeuses, asphyxie des sols,
apparition d’algue et de mousse …).
En ce qui me concerne, chaque partie de terrain est gérée
différemment selon les besoins hydriques et nos capacités d’arrosage. Il ne faut
pas oublier que l’eau sur notre terrain est une ressource précieuse, nous
sommes dépendants des pluies d’hiver et de printemps pour remplir nos deux réserves
collinaires. Nous ne pouvons pas compter sur des eaux de forage ni de rivières et
encore moins sur des eaux provenant du réseau d’eau potable.
·
Pour les greens, je travaille sur trois méthodes
différentes selon la période :
1er méthode : le printemps /
automne : à ces périodes de faible chaleur et faible
évapotranspiration potentielle (ETP), je préfère laisser sécher légèrement les
greens. En cette saison il n’y a pas de risque de zone sèche, il faut juste
vérifier une fois par jour le taux d’humidité des zones où l’arrosage est le
moins performant. Pour ce faire, j’utilise un testeur d’humidité portatif et un
tuyau pour effectuer des appoints d’eau. Le but, à ces périodes, est de forcer
la plante à chercher de l’eau en profondeur, donc à créer de la racine. En même
temps, les graminées vont produire des hormones de résistance au sec et à la
chaleur (acide abscissique), qui leurs seront très utiles une fois l’été
arrivé. Le deuxième avantage de ce type de gestion est le contrôle du pâturin
annuel, plante que je considère comme adventice.
2ème méthode : l’été : Une fois
les chaleurs bien installées et que nous avons réussi à équilibrer le taux
d’humidité sur l’ensemble des greens, je passe à un arrosage journalier. Pour se
faire, j’utilise trois indications : la réserve utile du sol (capacité de
rétention d’eau du sol ), chiffre donné par nos différentes analyses de sol,
l’ETP, et la quantité de rosée. Le but est de compenser les pertes journalières
d’eau afin de tenir la journée.
Pour se faire, j’utilise
ce calcul ((ETP * 70)/100)-rosée = arrosage du soir
Bien entendu, nous continuons à bassiner les zones les plus
sensibles après vérification journalière au testeur d’humidité.
3ème méthode : les canicules :
il faut savoir qu’au-dessus de 30° avec un taux d’humidité très bas, le gazon bloque
tout échange en fermant ses pores, ce qui entraîne un fort stress provoquant un
affaiblissement des graminées. Pour protéger le végétal, un arrosage très léger,
appelé « syringe » est effectué en pleine journée, le but étant de
refroidir la surface du gazon.
En aucun cas, l’arrosage de journée ne peut brûler les
feuilles des graminées. Au contraire, nous
ne créerons pas un effet de loupe, mais un effet de prisme (défragmentation de
la lumière).
·
Les départs terre et tour de green sont gérés
selon l’ETP. Un arrosage tous les deux jours est appliqué. Comme pour les
greens, l’arrosage débute au moment où l’on obtient le niveau d'humidité souhaité
dans les sous-sols.
·
Les départs sable du site sont plus difficiles à
gérer. Le système d’arrosage mis en place n’étant pas optimum, et la création de ces zones effectuée à différentes époques, avec différentes
méthodes, et divers intendants ne facilite pas la tâche. J’ai mis en place une
carte des départs qui différencie les départs dits « passoire » de
ceux qui ont une rétention d’eau normale. Sur toutes ces zones, je mets en
place des tests de pluviométrie pour définir, dans un premier temps, l’apport
réel en eau et son homogénéité sur un cycle d’arrosage.
·
Les fairways représentent la plus grande zone
d’arrosage du terrain, donc je ne cherche en aucun cas à avoir des zones vertes
à tout prix. Mon but est d'éviter la cassure du film d’eau des sols. Pour ce
faire, je favorise un arrosage très conséquent, une fois tous les dix jours.
Dans ce programme, nous ne pouvons pas sauver les graminées faibles (pâturin),
mais nous sauvons les graminées à fort enracinement. Bien entendu, la majorité
des plantes vont rentrer en dormance durant les mois les plus chauds, cependant
ils repartiront aux premières pluies importantes. Evidement, pour assurer la
survie des graminées, il nous faut absolument récupérer toutes les eaux
possibles y compris la rosée matinale.
En cas de grosse chaleur ou d’humidité de
l’air insuffisante, comme le mois dernier, j’apporte, tant que cela est
possible, un arrosage complémentaire entre deux cycles.
Testeur d'humidité |
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