Actuellement, les golfs Français entrent dans une nouvelle ère. L'utilisation des produits phytosanitaires, déjà très réglementée, est aujourd'hui perçue par de nombreux pratiquants comme une hérésie, une bête noire.
Les régulateurs de croissance ne font pas exception et ont disparu des choix techniques disponibles pour la gestion sportive des terrains.
Comment ça fonctionnait ?
Le trinexapac-éthyl (Primo Maxx2) était un inhibiteur de croissance agissant sur la biosynthèse des gibbérellines en réduisant l'allongement des cellules. Par conséquent, les graminées ralentissaient leur croissance verticale en réallouant les ressources vers les racines. Résultat, moins de pousse, moins de tonte et une meilleure homogénéité.
Aujourd'hui, sommes-nous capables de fournir le même résultat sans ces hormones ?
Je ne crois pas que nous obtiendrons les mêmes résultats, mais l’utilisation de ce type d'hormones nous permettait un contrôle rapide de la vitesse de croissance et assurait une qualité supérieure de notre roule sans nécessité de modifications majeures de nos programmes. Toutefois, en adaptant nos méthodes agronomiques et biologiques, nous devrions pouvoir trouver un équilibre satisfaisant.
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| Différence dans le contrôle de la pousse des graminées entre 2023 et 2025. |
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| Réduction de la fertilisation des greens entre 2023 et 2025. |
Alternatives culturelles et mécaniques.
Premier levier, les opérations mécaniques
Pour maintenir les gazons sous contrôle, il faudra intensifier notre travail sur la régulation et l’optimisation de la matière organique totale (MOT). Autrefois, je parvenais à maîtriser une croissance soudaine due à une quantité excessive d’azote provenant uniquement de la décomposition accélérée des matières organiques du sol. Cela peut être bénéfique si la vitesse de croissance de l’herbe ne nuit pas à la qualité sportive des surfaces, mais en l’absence de régulateurs, ces fluctuations de développement posent un véritable défi pour maintenir des surfaces fermes, rapides et uniformes. Pour atteindre cet objectif, il est crucial de réévaluer les procédés mécaniques pour extraire la MOT. Plusieurs options sont envisageables, mais compte tenu de l’exigence constante de qualité et de continuité, les options techniques disponibles se limitent. Pour limiter l’accumulation de la MOT dans les différents horizons sans perturber considérablement le jeu, il est nécessaire d’investir dans des opérations qui nécessitent encore beaucoup de mains-d’œuvre pour être exécutées rapidement. Les différents fabricants de matériel ont mis en place quelques outils pour réussir à effectuer ce type de travail. Nous avons à notre disposition :
- Les verticuts.
- Les carotteurs à mettre en place sur triplex.
- Les outils permettant d'injecter le sable directement sous la surface sans extraire de matière.
- Les perforateurs ultra-rapides, capables d'aérer un hectare de green en cinq heures.
- Les défeutreurs.
- Extraction par gros louchet.
Le deuxième levier, l'irrigation et la fertilisation.
Je pense que la précision dans le suivi de nos objectifs de croissance est devenue cruciale. Par objectifs de croissance, j’entends la différence entre la quantité de gazon réellement récoltée dans les bacs de récupération et la quantité théorique. Le taux de croissance des graminées déterminera l’effort nécessaire pour atteindre un objectif spécifique sur une surface donnée. Le graphique ci-dessous illustre le lien direct entre la vitesse des greens et la quantité de tonte. En effet, plus je ramasse, moins les surfaces ont tendance à rouler.
Pour ce faire, nous avons deux paramètres que nous pouvons contrôler :- Les quantités d'eau apportées.
- Les apports de fertilisation.
- L'activation de la photosynthèse pour la fabrication des sucres.
- Le transport des minéraux nutritifs, pour le développement des cultures.
- La gestion des stress liés aux fortes chaleurs : grâce à l'évapotranspiration, la plante se refroidit.
- Les sondes d’humidité du sol enterrées constituent des outils performants, permettant de suivre de manière autonome et en temps réel l’évolution du stock hydrique à un point donné. Toutefois, cette mesure ponctuelle met en évidence leurs principales limites : elles ne permettent pas de représenter les besoins hydriques de l’ensemble de la parcelle. Par conséquent, les décisions d’irrigation prises à partir de ces seules données ne peuvent être totalement optimisées à l’échelle de la surface globale.
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| Image prise sur "gazon sport pro H24" |
- Les sondes portatives de type TDR permettent aujourd’hui de réaliser des mesures sur l’ensemble de la parcelle. Cependant, bien que ces relevés offrent une vision plus globale, leur mise en œuvre reste fastidieuse et chronophage. De plus, les résultats peuvent varier selon le moment de la journée, avec des écarts observés entre les mesures effectuées le matin et celles réalisées l’après-midi.
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| Retour d'information de la sonde TRD. |
- Les scanners de sol permettent d’identifier les stress hydriques des graminées en un seul passage, grâce à leur intégration sur les tondeuses. Cette technologie offre un retour rapide et à grande échelle des données terrain. Toutefois, la question de leur optimisation se pose, notamment en raison du fait que la tonte est majoritairement réalisée le matin. Certains paramètres devront donc être ajustés afin d’adapter au mieux les prévisions et les décisions d’arrosage. À ce jour, deux fabricants semblent répondre efficacement à ces exigences : Metos-TSM et TerraRad.
- Les données satellitaires constituent aujourd’hui une solution pertinente pour le suivi des terrains de sport. Deux fournisseurs ont été identifiés, capables de fournir des données journalières sur l’état de stress du gazon et, pour l’un d’entre eux, des informations complémentaires sur son état nutritionnel. Ces technologies offrent une vision rapide et globale de l’ensemble de la surface du terrain. Leur principale limite réside toutefois dans la dépendance aux conditions météorologiques : une couverture nuageuse faible est indispensable pour garantir une lecture fiable des données.
- Les drones apparaissent aujourd’hui comme un outil complémentaire capable de fournir des données très précises sur l’état du gazon sportif. Toutefois, à ce stade, aucune solution n’a encore été identifiée permettant un traitement et un retour des données en temps réel, ou quasi immédiat, après le vol. Par ailleurs, leur utilisation en France sur des sites recevant du public est soumise à une réglementation stricte : elle nécessite un télépilote certifié, un drone enregistré, le respect des zones et scénarios de vols autorisés, ainsi que, selon les situations, des autorisations spécifiques et des mesures de sécurité adaptées. Si certains lecteurs disposent d’un retour d’expérience ou connaissent une solution opérationnelle, ils sont invités à la partager en commentaire.
La fertilisation constitue un paramètre plus facilement maîtrisable. Toutefois, une réduction excessive des apports en nutriments peut fragiliser la culture en place. Cette fragilisation peut notamment entraîner :
- Une sensibilité accrue aux maladies, susceptible de conduire à une augmentation de l’utilisation de fongicides.
- Une perte de compétitivité du gazon, favorisant le développement d’algues, de mousses ou de graminées indésirables, et générant ainsi des interventions mécaniques supplémentaires, avec une consommation non anticipée de ressources naturelles.
Conclusion :
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