Fin septembre début octobre une période charnière pour le golf

Nous l'avons fait, l'équipe a tout donné. Elle a su se réorganiser, se soutenir et mettre toute l'énergie qui lui restait pour réaliser cette course contre-la-montre, contre le temps. Nous avions quatre semaines entre le 15 septembre et le 15 octobre pour la remise en état de fin de saison, la préparation des graminées à l'entrée dans l'hiver, tout en maintenant une qualité de jeu capable de recevoir nos nombreuses compétitions de haut rang.

Je considère cette période comme cruciale. C'est une période où la chaleur est encore présente, mais également où le taux d'humidité de l'air la nuit, permet au gazon de se régénérer. C'est également une période où la luminosité diminue et donc une période où les graminées en place préparent leur stratégie pour survivre à l'hiver qui va bientôt avoir lieu.

C'est à cette période que nous préparons les surfaces sportives de la saison prochaine.

Pour les greens, les objectifs sont les suivants :

Préparer le sol : La décompaction profonde permettra une meilleure percolation des eaux en période hivernale en fracturant les différentes zones de compaction et permettra ainsi le développement racinaire indispensable pour la reprise printanière.

Air2G2 décompaction à air.

Décompaction à broches de 12 mm.

Préparation du couvert végétal : Le regarnissage des greens avec des sols encore chauds et une humidité en hausse, les semences d'agrostis sont dans des conditions parfaites pour leurs germinations rapides et un développement optimal. Ces jeunes plants préinstallés prendront toutes leurs places au retour des beaux jours, et combleront rapidement les traces de souffrance du pâturin.

Graines d'agrostide.

Jours +7 après semis.

La fertilisation des greens : C'est le moment où nous devons réduire de manière rapide les apports d'azote pour limiter la turgescence des feuilles qui rend les graminées plus sensibles aux dégâts causés par le gel et augmenterait les attaques cryptogamiques (fusariose nivale). La plante doit limiter au maximum la pousse de son feuillage au profit de son système racinaire.

Appareil de fertilisation.

Réglage de la hauteur : En période automnale et hivernale, il y a deux paramètres à prendre en compte:

1. La baisse de luminosité qui diminue les capacités de photosynthèse de la plante et donc la capacité à créer l'énergie nécessaire au bon développement de sa structure (élongation des racines et résistance des parois cellulaires)  
2. La résistance des sols aux passages des machines.

Ces deux facteurs nous demandent une grande vigilance sur le contrôle de "la hauteur réelle" de coupe des graminées. Pour cela, nous utilisons un prisme permettant de vérifier que la hauteur recherchée soit bien la hauteur obtenue sur le site. Les sols étant plus souples en période automnale et hivernale, nous devons dans un premier temps revenir sur du matériel moins agressif. Nous commençons simplement par changer le type de rouleau avant sur nos équipements de tonte. Dans un second temps, nous ajustons la hauteur sur banc pour compenser l'agressivité des cylindres. J'ai constaté qu'un green tondu à 4.5 mm en période hivernale avait la même hauteur de coupe qu'un green tondu à 3,5 mm en saison… Alors attention à ceux qui pourraient dire que relever les hauteurs de tonte est une aberration. 

Prisme de contrôle.

Mise en place de rouleaux moins agressifs.

 Assèchement de la surface : La météorologie nous permet maintenant de laisser sécher la surface des greens. L'objectif, au-delà de l'intérêt sportif, c'est de mettre en difficulté les graminées invasives (le pâturin) au profit des graminées dites "nobles" (les agrostides).

Le mécanisme est simple, nous diminuons les taux d'humidité de surface en espaçant les arrosages tout en augmentant les quantités apportées. Ce type d'arrosage profond va permettre aux graminées "nobles" de mettre en place une stratégie de recherche d'eau en profondeur par l'augmentation de leur système racinaire. Les pâturins ne seront pas capables de s'adapter et laisseront la place aux espèces sélectionnées.

Dry patch vue éloignée.

Le dry patch en localisé, les agrostides sont en pleine forme.

Pour les départs, l'objectif n'est pas tout à fait le même. Ils n'ont pas reçu la même attention que les greens (aération régulière, fertilisation très précise et contrôle de l'arrosage à la goutte près) et ils  sont soumis à des contraintes extrêmes sur une surface réduite.

Toute la fréquentation journalière se produit sur quelques mètres carrés, nous sommes donc en septembre sur des surfaces usées et compactées. Pour ce faire, nous n'avons qu'une seule solution pour améliorer efficacement et de manière durable la perméabilité à l'air et à l'eau :

Le carottage: Nous extrayons des bouchons de sol et de matières organiques, pour les remplacer par du sable pur. Cette opération permet au sol d'obtenir un apport non négligeable d'oxygène permettant le développement racinaire des surfaces. Il ne faut pas oublier qu'un départ de qualité réside également à sa capacité à résister à l'arrachement.

Carottage.

Étalement du sable à l'aide d'une grille.

Zone d'extraction remplie par le sable.

Deuxième point important du carottage sur départs, les quantités de sable apportées permettent de rendre les surfaces plus planes et permettent aux surfaces non reconstruites et ayant encore un substrat en terre, de s'améliorer en profondeur, rendant ces zones moins dures en été et moins grasses en hiver.

Les fairways reçoivent une dernière fertilisation avant l'arrivée des froids. Ce dernier apport léger va permettre de densifier les graminées, qui ont souffert de la chaleur estivale. En effet, les différents affleurements rocheux et la présence des racines d'arbres limitent fortement la disponibilité des eaux. Nous avons aussi connu quelques dysfonctionnements localisés du système d'irrigation qui n'a pas apporté les quantités d'eau nécessaire au bon maintien des graminées.

Racines coupées il y a deux ans.

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