Greenkeeper 2.0, un métier en pleine évolution

 Je réfléchissais à l'évolution du métier de greenkeeper depuis mes premières expériences en temps que jardinier au Paris International Golf Club en 2002 sous les ordres de Robert Jules.

Nous utilisions déjà quelques outils technologiques très basiques comme :

• L'ordinateur avec un logiciel de traitement de texte et un outil pour les tableurs, mais la réelle utilité de cet ordinateur était la programmation de l'arrosage.
• Une membrane permettant de connaître l'évapotranspiration (ETP) des graminées.
• Un grand sens de l'observation et un travail basé principalement sur l'expérience et le ressenti.

Avec le temps, la demande permanente de qualité peut, de temps en temps, prendre le dessus sur le bon sens agronomique. Nos clients souhaitent un parcours le plus homogène du 1er janvier au 31 décembre, ce qui reste encore aujourd'hui, un rêve inatteignable pour la plus grande majorité des structures de l'industrie du golf.

Cette demande grandissante de qualité nous pousse à trouver des solutions techniques et technologiques pour essayer de répondre au mieux aux attentes de nos utilisateurs, dans le respect de la biodiversité et des ressources naturelles.

Aujourd'hui, 22 ans après mes premiers pas dans le monde du greenkeeping, je peux constater l'évolution du matériel et le tournant informatique que prend la profession depuis la démocratisation du smartphone.

A ce jour, je me suis équipé de différents outils d' aide à la décision. Chaque outil a un intérêt bien spécifique qui, prit indépendamment, ne présente que peu d'intérêt, mais relié entre eux, ces données nous donnent de véritables informations permettant d'anticiper une quantité presque illimitée de problématiques.

Sonde TDR350 avec un abonnement permettant d'observer les différentes zones à irriguer ou non. Cet outil permet d'homogénéiser les surfaces de jeu tout en prévenant des risques de stress liés au manque ou surplus d'eau. La carte nous permet d'effectuer de grandes économies d'eau, car nous pouvons définir avec exactitude la turbine d'arrosage que nous allons déclencher. 

Carte des relevés humidité d'un green

Pour permettre cela, nous avons un logiciel de gestion d'arrosage qui regroupe l'ensemble des asperseurs et permet de déclencher au choix une ou plusieurs turbines pour apporter le volume d'eau défini en amont selon les retours d'informations.

Une station météorologique qui est le centre névralgique de ma gestion. La station permet de recueillir toutes les informations importantes pour la gestion optimale de la pousse et la déduction des périodes de risques biologiques et abiotiques.

• La température, facteur d'activité biologique. 
• L'hygrométrie, facteur de développement des pathogènes, mais également indispensable pour le calcul de l'ETP.
• Un pluviomètre, pour définir les pluies efficaces et calculer l'état de la réserve facilement utilisable (RUF) du sol 
• Le PAR, permettant de calculer les rayonnements lumineux et d'adapter la hauteur des graminées.

Mais pour moi, l'outil le plus puissant, sans qui tout ce travail de recueil de données ne resterait que des chiffres sur papier, reste Excel... Nous pouvons aujourd'hui à l'aide de ce logiciel créer n'importe quel programme de suivi et d'alerte grâce à la mise en place de quelques formules ou VBA. Chaque greenkeeper peut créer ses propres programmes pour définir ce qu'il souhaite connaître à un moment précis ou sur une plage de temps. Toutes les données peuvent être traduites automatiquement sur des graphiques et tableurs permettant d'observer l'évolution de chaque donnée recherchée.

J'ai mis en place plusieurs programmes, notamment un programme permettant d'afficher les données en temps réel sur :

•  L'évolution du risque de maladie. 
• L'évolution de la qualité de surface.
• La différence entre la vitesse de pousse souhaitée et la vitesse de pousse réelle.
• Les besoins théoriques en fertilisants calculés au jour.
• Le suivi des planifications des PGR. 
• La dose de sable à apporter selon la pousse des graminées.

Tableau de bord de gestion globale des surfaces

programme de suivi des stocks et coût entretien de chaque machine

Maintenant, nous devons trouver les outils capables de faire les relevés sans perdre de temps ou en gardant en permanence la même référence...

Il existe des outils technologiques modernes :

• Des sondes enterrées pour capter la température et l'humidité des sols à des points précis.
• Une balle capable de mesurer en même temps la vitesse des greens et la tenue de ligne.

Capteur multifonction soil scout

Capteur made in France 

Dans un avenir proche, j'aime à penser que nous serons capables avec les nouvelles technologies émergentes et l'amélioration rapide de l'intelligence artificielle de :

• Détecter les zones sèches et la détection de fuite précoce à l'aide de drone, de robot équipé de camera NDVI ou voir par vision satellite si la précision est au mètre près...
• Ne fertiliser et ne traiter que les zones qui en ont besoin à l'aide de pulvérisateur capable de fermer ou d'ouvrir les buses selon l'objectif recherché à l'aide de caméra capable de détecter les besoins en minéraux, les problèmes fongiques ou les adventices au centimètre près. 

Ce rêve ne me semble pas si lointain avec les nouvelles technologies qui arrivent sur le marché, mais également la large gamme de robots porte-outils capables d'effectuer différentes actions en un seul passage. L'avenir 2.0 est en marche et permettra une justesse d'entretien rarement égalée.

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