Depuis plusieurs années, l'industrie de l'entretien et rénovation du golf est confrontée à une demande permanente de qualité, mais également une demande d'entretien de plus en plus vertueuse.
Les intendants de terrain sportif, travaillant avec la nature, se sont réjouis de cette tendance qui nous pousse à trouver des solutions durables, tout en créant un impact écologique le plus faible possible.
Malheureusement, une partie de la population met en doute nos dires, ne connaissant pas ou peu le travail de l'entretien des golfs.
Ils considèrent que l'industrie du golf:
- Vole des terres agricoles
- Utilise une quantité d'eau extravagante
- Pollue les nappes avec nos engrais
- Fait de la monoculture, dévastatrice pour les écosystèmes.
Cependant, pour la population en général, il est temps de l'informer du tournant que prend l'entretien des terrains de golf pour une grande majorité.
Oui, il est vrai que nous utilisons :
- De l'eau
- Des engrais
- Du sable
- Des produits phytosanitaires
- Des produits de l'industrie pétrolière
- Qu'une partie de nos sols ne sont pas naturels
L'eau
Un élément indispensable à toute vie. Beaucoup pensent que nous sur-utilisons cet élément, car nous avons des surfaces "vertes".
La réalité est différente, nous utilisons un éventail de solutions techniques et technologiques pour permettre la gestion la plus précise de L'EAU.
Bien entendu, nous sommes capables aujourd'hui d'apporter de l'irrigation juste sur les zones où le sol présente un déficit hydrique pouvant causer des dégâts importants à la culture.
Comment cela est possible ?
L'industrie du golf a aujourd'hui optimisé la gestion de l'arrosage. Nous ne cherchons pas à arroser, mais simplement à tenir les surfaces de jeu à la limite du stress hydrique (limite du seuil de flétrissement).
Nous utilisons des stations météorologiques sur site capables de nous fournir l'évapotranspiration potentielle du site, permettant de calculer les apports "théoriques" pour compenser les pertes journalières par évaporation de l'eau, mais pas seulement.
Actuellement, les intendants cumulent plusieurs données pour prendre une décision d'arrosage.
Nous travaillons, aujourd'hui, avec des sondes permettant de connaître l'état hydrique des sols en temps réel.
Il y a deux types de matériel qui peuvent parfaitement se compléter :
- Les sondes enterrées qui transmettent en temps réel l'état hydrique, la température du sol et bien d'autres informations.
- Les sondes portatives permettent de prendre un nombre illimité de points de contrôle sur le site. Ces sondes peuvent être reliées à un service GPS permettant de créer une cartographie complète des zones du parcours. Les limites de cet appareil sont le temps de récolte d'informations et l'impossibilité de suivre en temps réel l'évolution de la réserve en eau dans le sol.
Aujourd'hui arrive une nouvelle technologie, les caméras NDVI qui devraient être capable de nous donner avec précision l'état de santé hydrique des graminées en temps réel et avec une vitesse de contrôle inégalée. J'espère avoir l'opportunité de tester ce type d'appareil durant la saison...
La fertilisation.
Première question que se pose tout professionnel de l'entretien de gazon de sports est "L'objectif ".
Pour les terrains de golf, l'objectif recherché est de maintenir la pousse du gazon au minimum tout en garantissant une santé suffisante pour lutter contre les pathogènes cryptogamiques.
Je ne rentrerai pas dans le débat organique où minéral, le sujet n'est pas là. L'important est de nourrir la plante au moment opportun de manière à pouvoir contrôler les risques de lessivage des engrais.
Aujourd'hui, je considère que le meilleur moyen de limiter les risques de lessivage est de n'apporter aux graminées que les ressources réellement déficientes. Nous sommes très loin de la légende "tout vert tout azote", qui serait en réalité contre-productif sur un plan sportif, sanitaire et économique.
Actuellement, je travaille à l'aide de deux facteurs principaux pour la fertilisation des greens, "la température jour" et "la vitesse de pousse". Ces paramètres me permettent de définir le pourcentage d'activité biologique des gazons et de comparer avec le niveau de régénération souhaité. Travailler avec l'activité biologique des graminées permet d'apporter juste le niveau d'azote nécessaire à la régénération minimale de la culture et par effet de domino, diminuer :
- Le feutre.
- Les maladies.
- Les quantités d'intrants (sable, engrais).
- Les hydrocarbures (moins de tonte)
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Des racines fortes |
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Des racines profondes |
Les produits phytosanitaires.
Les fongicides
Un autre point de crispation. Oui les golfs utilisent, si besoin, des fongicides.
Il est important de comprendre que la profession n'utilise ces produits phytosanitaires en grande partie que sur les greens. Sur mon site cela représente 1,5 ha sur les 70 ha du site.
Les approches managériales du gazon ont considérablement changé comme indiqué sur les deux paragraphes précédents. Ces approches plus technologiques nous permettent de renforcer naturellement les graminées. Dans mon cas, nous avons réussi à diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires en passant de douze traitements annuels à cinq traitements de moyenne aujourd'hui. Oui, nous ne sommes pas au zéro phyto, cependant les nouvelles technologies arrivant sur le marché nous laissent entrevoir la possibilité de diminuer encore un peu ce chiffre, notamment à l'aide :
- De nouvelles semences.
- D'opérations mécaniques pour améliorer le sol.
- La luminothérapie, qui semble avancer à grands pas et la possibilité aujourd'hui de robotiser le procédé.
Je considère que l'utilisation des produits phytosanitaires reste un échec personnel de ma gestion, me motivant à trouver le détail technique qui me fera encore baisser leurs utilisations.
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Led pour contrôle des maladies |
Les herbicides
L'utilisation de ce type de produit est très réglementé. Il n'est pas autorisé sur l'ensemble des surfaces, seules les surfaces coupées rases peuvent recevoir ce type de traitement.
Les périodes d'application sont également très surveillées par les services de l'État, mais aussi par les utilisateurs eux-mêmes. Encore une fois, nous essayons de ne pas utiliser les produits sur des plantes en fleurs, mais sur des plantes qui n'ont pas encore entamé leurs cycles de floraisons. De cette manière, nous protégeons les insectes butineurs, mais également nous évitons de traiter une plante adulte ayant déjà fait ses graines.
Cette approche permet d'espacer les traitements chimiques de un à deux ans.
Nous pouvons également lutter contre les causes de développement des adventices en favorisant la culture en place par :
- Des semis adaptés au climat
- Une fertilisation adaptée
- Des opérations mécaniques
- Un arrosage adapté
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Vérification du matériel de pulvérisation, une priorité |
Pour finir
Actuellement, les golfs mettent tout en place pour limiter leurs impacts sur l'environnement. Bien entendu, nous sommes des professionnels, qui chaque jour cherchons à améliorer notre approche à l'aide de notre expérience et analyse des données du site.
Pour tous ceux qui dégradent nos structures sous le nom de "l'écologie", sachez que la discussion, les échanges d'avis, de technologies, de méthodologies feront avancer beaucoup plus vite le processus de respect de l'écosystème qui a toujours été au centre de nos préoccupations depuis des dizaines d'années...
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Dégâts effectués par des Bandits.
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Un golf, différents espaces de vie (zones naturelles, de rocailles, de prairies). |
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Bonjour,
RépondreSupprimerJ aimerai savoir comment calculer L’etp ou comment connaître son taux.
Merci de votre retour,
Thomas.
Bonjour Thomas,
Supprimerj'utilise une station météorologique sur site (davis vantage pro 2), elle enregistre les données et calcul automatiquement l'ETP.