BURN-OUT

Quelques personnes de mon entourage ont exprimé des inquiétudes quant à la rédaction de cet article et ses potentielles conséquences sur ma carrière. Pour ma part, je ne cherche pas la renommée ; j’ai créé ce blog pour partager une perspective technique et une vision alternative, dans l’espoir de susciter des questions et des réflexions chez les lecteurs et lectrices.

Si mon histoire permet d’aider d’une manière ou d’une autre des confrères ou simplement des lecteurs, je ne vois pas pourquoi je me priverais de vous la raconter. 

Peu de gens sont au courant, certainement parce que c'est un sujet tabou et que personne n'en parle. Pourtant, cela a été un tournant dans ma vie, une prise de conscience qui s'est finalement bien terminée.

Je n’entends rien, je ne vois rien, je ne dis rien. 

Le burn-out a été pour moi une oppression mentale, un long tunnel sans fin, un rouleau compresseur. Je ne parvenais plus à distinguer la paranoïa de l’objectivité ; je me trouvais dans un cercle vicieux où chaque phrase, chaque geste étaient perçus comme une attaque, une menace, une dévalorisation. Une fois qu’on est entré dans cette machine infernale, il semble impossible d’obtenir de l’aide ou des solutions. On n’arrive pas à sortir du cercle vicieux qui se rétrécit inexorablement, jusqu’à nous broyer, nous anéantir et nous tuer.

À une période de ma vie, je me suis retrouvé là, dans ce cercle, complètement écrasé, sans aucune issue possible. Nous étions en pleine crise, aucun joueur, personne, nous étions seuls sur le site, pas d'interaction extérieure et "aucun objectif sportif", je ressentais pourtant une pression démesurée pour obtenir toujours plus beau, toujours plus vite, toujours plus. Je sentais un stress, mais je ne comprenais pas la raison ni l’aboutissant.

J'ai retrouvé ce message que j'avais écrit à l'époque sur les réseaux comme un dernier appel, un dernier espoir :

"Quand je pars, je pleure, quand je rentre, je pleure. 

Même mes enfants n'arrivent plus à me faire rire.

Je n'en peux plus de tous ces gens qui se servent de nous, qui ne pensent qu'à leur petite personne...

Aujourd'hui, je ne vois plus le bout du tunnel...

Quel choix, quel avenir ?

Je n'en peux plus de tout ça, de ce manque de respect, de ces manigances.

Une corde, des médocs, je ne sais pas ... J'espère encore cependant, pour le moment mon avenir s'assombrit ..."

Au moment même où j’écrivais ces lignes, ma décision était prise. J’avais atteint le point de non-retour. Moi, qui me croyais aussi solide que du marbre, moi qui ne fléchissais jamais sur les rings, je pensais être invulnérable. À ce moment, toutefois, je n’étais plus rien ; j’étais réduit en poussière ; plus aucun fragment de mon être ne détenait assez de force et de confiance pour poursuivre le combat, pour continuer à vivre.

Par chance ce soir-là ma femme m’a sauvé !!! Elle avait perçu et compris que j’allais mettre fin à cette spirale infernale, à cette existence qui me paraissait alors morne et ratée. Le combat était sans issue et dénué d'espoir. J’ai dit stop, pour elle, pour les enfants. Ma vie a continué, entremêlée de larmes et de stress, mais je n’étais plus seul : elle était là.
 
Intérieurement, j'étais mort, elle m'a soutenu.

Grâce à l'aide de mon thérapeute et de mon médecin, j'ai fini par comprendre que le problème ne venait pas de moi. Ce n'était pas un processus instantané, bien sûr, et il m'a fallu du temps et un soutien constant pour en arriver à cette conclusion.

 J'ai écrit un autre message peu de temps après avoir commencé mes séances de traitement, où je soulignais l'importance de recouvrer le plaisir de rêver.

"Voilà, pour le moment ma vie ressemble à cela.

Médicament pour ma santé psychique trois fois par jour...

Je pleure toujours autant, les idées noires sont toujours présentes, cependant je commence à relativiser.

Un nouveau projet me fait tenir, l'abandon de tout et un tour du monde libre sur un voilier.

Pour le moment ce projet reste un rêve, mais avoir avec un rêve dans un cauchemar, c'est déjà une belle avancée...

Je vais essayer de tenir... "

Aujourd'hui, je suis sorti de ce cercle vicieux. Depuis je regarde les choses avec réalisme et je me concentre sur le présent, un pas à la fois. Cependant, ma plus grande avancée est que je n'ai plus peur d'être insuffisant, de perdre ma place ou de décevoir. En effet, je sais maintenant que je ne peux pas faire plus ou mieux, mais seulement ce que je peux avec les ressources dont je dispose.

Les épuisements professionnels causent des ravages et des pertes humaines beaucoup plus fréquentes qu'on ne le pense. Depuis, j'ai croisé plusieurs personnes qui ont vécu la même expérience que moi. À mon avis, les entreprises devraient s’en préoccuper davantage, car elles pourraient éviter bien des dommages psychologiques en établissant un management clair, en fixant des objectifs réalisables, et en donnant du sens au travail.

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