Cette saison c’est très bien passée. Au point de vue du
pathogène, ce problème principal sur nos greens n’a pas réussi à prendre le
dessus.
En effet, pour tenir le dollar spot nous n’avons appliqué
sur le green que trois passes de fongicide dont deux en préventif. En
comparaison, les saisons précédentes nous étions en moyenne entre cinq et six traitements
d’avril à septembre.
Pour l’équipe cela est valorisant. Cette année nous sommes
presque arrivés à nos objectifs écologiques et ceux malgré des conditions
météorologiques favorables au développement du champignon.
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Dollar spot avec son mycelium |
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dollar spot sur green |
Ci-dessous, les graphiques de risque de propagation,
au-dessus de 20% le risque est important, ce qui était particulièrement le cas
cette saison.
Comment expliquer ce résultat :
Le dollar spot (sclérotinia) est un champignon de faiblesse,
ce qui signifie qu’il va prendre le dessus sur les végétaux en situation de
stress (arrosage, fertilisation, ombre …).
Le champignon se situe dans le feutre (amas de racines et de
feuilles en cours de décomposition). Il attend les conditions météorologiques
optimum pour se développer et coloniser le milieu.
J’ai remarqué ces dernières années que ce pathogène avait une
grande capacité d’adaptation. Il est capable de muter rapidement, rendant les
fongicides parfois inefficaces. Son
développement a également évolué dans le temps, nous sommes passés de risque de
maladie du 15 juin à fin septembre à un risque présent de mai à octobre.
Ces phénomènes ne sont pas là pour nous faciliter le travail
de contrôle.
Il est important de comprendre que la lutte contre le dollar
spot ne se limite pas à une méthode de travail, il faut optimiser la résistance
du gazon avec un budget défini et encadré.
Le feutre:
Comme expliquer un peu plus haut, le sclérotinia trouve abri
dans le feutre, c’est pour cette raison qu’il est important de contrôler une
dilution parfaite de ces résidus de racines et de feuilles mortes. Pour cela il
n’y a qu’une seule méthode efficace « les tops dressings » légers et
réguliers. Le but étant de placer les grains de sable entre chaque particule de
matière végétale permettant ainsi de durcir les surfaces et, surtout, de
limiter l’effet d’éponge. La surface garde moins d’humidité, elle est moins spongieuse,
ainsi les champignons ont plus de difficulté à se multiplier.
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sablage d'un green |
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brossage avec tonte après sablage |
L’arrosage :
Il est important de garder un arrosage homogène sans excès
ni manque d’eau.
Les excès vont créer des problèmes d'asphyxie du sol et
créer de graves problèmes aux surfaces de jeu.
Le manque d’eau, bien que plus facilement maîtrisable, va
créer un affaiblissement des graminées, ouvrant des portes aux attaques
fulgurantes du dollar spot. C’est pour cette raison que je pratique tous les
jours, en période de risque, des contrôles au testeur d’humidité. Nous arrosons
manuellement les zones sèches et nous programmons l’arrosage sur toute la
surface des greens pour arriver à leur taux
d’humidité optimal.
La fertilisation :
Depuis trois ans maintenant, j'utilise la fertilisationliquide basée sur le potentiel de pousse (MLSN). Cette méthode permet d’ajuster
avec précision les besoins réels des graminées, selon les moyennes de
température.
Cette fertilisation faible, mais régulière (tous les quinze
jours), ne crée jamais de sous-nutrition ni même de sur- nutrition.
Comme me l’a souvent répété mon regretté ami et mentor Robert
JULES :
« Le greenkeeping n'est pas une affaire de quantité,
mais de qualité. Appliquer NPK, fer Mg au minimum, régulièrement, au bon
moment, contrôler son feutre, maintenir une bonne perméabilité du sol, arroser
le moins possible à la bonne fréquence. Si tu fais tout cela, et ce n'est pas
évident, tu n'auras plus beaucoup de problèmes et tu découvriras que tous les
engrais, hormones, produits organiques, ne sont que des occasions de dépenser
de l'argent. »
Robert, tu as raison encore une fois, je n’ai pas utilisé un
seul engrais à base de phosphite cette année et pourtant la maladie n’a jamais
eu autant de mal à se développer.
La ventilation, luminosité et agrostide :
Ce point n’est certainement pas à négliger. Depuis quelques années
nous avons largement ventilé les greens par des nettoyages profonds de nos
roughs sauvages. La circulation de l’air
assèche les surfaces limitant la stagnation de l’humidité et donc la
prolifération de champignons.
Ce nettoyage, accouplé aux abattages, a permis de réussir en
grande partie l’implantation de nouvelles agrostides. Ces graminées étant plus résistantes au
sclérotinia que le pâturin annuel, elles ont participé grandement au résultat actuel.
Les micro- aérations :
Les spikes, ces petites aérations de surface, percent le
feutre et permettent ainsi les échanges gazeux entre le sol et l'atmosphère,
améliorant la flore des sols.
Tous ces éléments mis bout à bout ont participé à cette
petite réussite. Car le but final serait d’arriver, au maximum, à deux
traitements annuels contre cette maladie. Je suis certain qu’un traitement
ultra localisé (tache par tache) permettrait d’arriver à ce résultat.
Il est important de comprendre qu’un traitement fongique ne
va pas détruire que le champignon pathogène, il détruira également une grande
partie de la microflore des sols, ce qui entraînera un déséquilibre.
Malheureusement ceux ne seront pas forcément les alliés du green keeper qui
coloniseront de nouveau le milieu.
Au moment même où j’écris sur ce sujet, un début de maladie
(dollar spot) est en cours de reprise, mais pour le moment nous arrivons à le
maîtriser en le traitant uniquement tache par tache.
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début de dollar spot sur green |
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traitement ultra localisé |
N’hésitez pas si l’article vous a plus à le partager.
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